Monday, April 11, 2016
REVUE DE PRESSE AFRIQUE A la Une: Idriss Déby vers un cinquième mandat
Après 26 ans au pouvoir, le président tchadien s’apprête à rempiler… Peu ou pas de suspense après le premier tour de la présidentielle hier dimanche. « Il n’y a pas eu de match », affirme le site d’opposition tchadien TchadActuel. « Le déséquilibre est patent et palpable, poursuit-il. Là où les autres candidats ont utilisé leurs propres moyens, par ces temps de disette sciemment entretenue par le pouvoir MPS, Déby, sans honte ni vergogne, fidèle à ses pratiques depuis 26 ans, a puisé dans la caisse commune. Tout a été en effet financé de bout en bout par les fonds publics. Quant à la campagne, poursuit TchadActuel, les candidats de l’opposition ont fait un bilan exhaustif largement négatif du candidat MPS avant d’exposer leurs propres programmes axés sur les besoins élémentaires des tchadiens : éducation, santé, infrastructures, sécurité alimentaire, sécurité, l’armée, les institutions de la République, etc. En revanche, pointe le site tchadien, le candidat MPS a fait table rase de son bilan de 26 ans de règne et les électeurs n’ont en réalité rien compris de ce qu’il leur proposait comme nouveautés après un quart de siècle de pillage à l’exception de deux mots qui reviennent comme un leitmotiv : la stabilité et le chemin de fer ! »
La messe est quasiment dite…
Très critiques également les médias ouest-africains… Pour le site guinéen Ledjely.com, « les dés sont pipés d’avance. Tenant son pays d’une main de fer depuis un quart de siècle et maîtrisant en particulier les principaux leviers du processus électoral, Idriss Déby Itno est parti pour écraser ses supposés concurrents. D’ailleurs, de la part de l’opposition tchadienne, c’est faire preuve d’une incroyable naïveté que d’avoir accepté de cautionner le processus en y participant. »
« Une formalité pour le dictateur Déby », renchérit Le Pays au Burkina. « La messe étant quasiment dite pour l’opposition, reste à savoir ce que nous réservent les lendemains de cette nouvelle victoire plus que probable de Déby. » Et Le Pays de s’interroger : « le front social en ébullition va-t-il se calmer après la publication des résultats de la présidentielle ou va-t-on, au contraire, assister à une métastase des mouvements d’humeur et de contestation dans le pays ? Les opposants politiques du maître de NDjamena vont-ils se résoudre facilement à faire contre mauvaise fortune bon cœur ? La société civile acceptera-t-elle de se résigner ou trouvera-t-elle les ressorts internes pour poursuivre la lutte ? Il faudra attendre de voir. Le régime travaillera sans doute à obtenir par tous les moyens, le silence des différents groupes de pression. Mais, à terme, prévient Le Pays, le Tchad pourrait devenir très difficile à gouverner à l’issue de ce scrutin. »
Le soutien des Occidentaux
Pour L’Observateur Paalga, toujours au Burkina, Déby est d’autant plus en position de force qu’il a le soutien de la communauté internationale… « Président en exercice de l’Union africaine, Déby a acquis une stature de premier plan en Afrique ces dernières années, pointe le quotidien ouagalais, grâce à son efficace et redoutable armée : en première ligne avec les Français, ses troupes sont parties à l’assaut des djihadistes au Nord-Mali en 2013 ; et en 2015 l’armée tchadienne a mené une grande offensive au Cameroun, au Nigeria et au Niger contre les islamistes de Boko Haram. A l’heure de la lutte mondiale contre le terrorisme islamiste, de telles interventions militaires lui valent donc, affirmeL’Observateur Paalga, de solides appuis des Occidentaux, particulièrement de la France. Et comme la menace réelle d’attentats de Boko Haram légitime un régime fort et le renforcement des mesures sécuritaires, les libertés et les droits de l’homme, qui n’ont déjà pas pignon sur rue au Tchad, pourraient en souffrir. Est-ce là suffisant pour le prémunir contre la colère de son peuple ?, s’interroge L’Observateur. Le plus important pour Déby n’est donc pas tant le scrutin lui-même que l’après-scrutin. »
Plus largement, le site Guinée Conakry Infos note l’avalanche de scrutins cette année sur le continent : « 2016 restera dans les annales politiques africaines, comme une année de consultations menées à un rythme infernal. Apres le Niger, l’Ouganda, le Cap Vert, le Congo, le Bénin ; ce dimanche, ce sont le Tchad et les Comores qui étaient au rendez-vous, en attendant beaucoup d’autres, comme les Seychelles, Sao Tomé et Principe, le Gabon, l’Angola ou la Somalie, etc. […] Toutes ces élections viendront tomber dans l’escarcelle démocratique du continent africain, avec des interrogations essentielles sur leur nature. » Ainsi s’interroge Guinée Conakry Infos, « assistons-nous à la poussée de “démocratures”, ces mixtures amères d’un semblant de démocratie revêtu de dictature ? Ou bien sommes-nous tombés comme ailleurs dans ces “monarchies républicaines”, où le temps d’un pouvoir ne compte plus ? » Il y a sans doute un peu des deux…
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