Des dégâts amplifiés par l'Homme
Tremblement de terre à Gölcük - Turquie.
Le bilan des victimes de catastrophes naturelles est toujours plus lourd chaque année, principalement à cause d'une concentration des populations dans les régions à risques. De plus, l'activité humaine, en modifiant le paysage ou en influant sur le climat, peut décupler les effets de certains de ces événements. Toutefois, des progrès sont réalisés, notamment en terme de prévision et de développement des villes. Mais cela suffira-t-il ?
Les éruptions volcaniques, séismes, ouragans, cyclones, tornades, tsunami, incendies, inondations, glissements de terrains, avalanches, crues subites, causent chaque année des pertes humaines et économiques colossales. Entre 1976 et 1985, près de 1 milliard de personnes a été affecté par ces désastres. Durant la décennie 1996-2005, le total a atteint 2,5 milliards de personnes. En 2007, 198 millions de personnes ont été affectées et 16.500 ont trouvé la mort, dont 75% issus du continent asiatique. Si les inondations sont souvent citées comme cause première, les sécheresses ont un impact sur les populations et la sécurité alimentaire probablement plus important. Les pertes économiques ont été estimées à 65 milliards de dollars. L’année la plus meurtrière a été sans commune mesure 2004 avec le tsunami en Asie du Sud qui a fait plus de 240.000 morts, autant que toutes les victimes des éruptions volcaniques depuis le XVIIIe siècle. La planète est le siège de nombreuses zones d’aléas, touchant le plus durement les pauvres de la planète. Selon un rapport de l'organisation Oxfam, le nombre de catastrophes naturelles liées au changement climatique a quadruplé sur les 20 dernières années.
La prévention des catastrophes naturelles au niveau mondial
La Conférence internationale sur la prévention des catastrophes naturelles (ONU - ISDR), qui s’est tenue à Kobé (Japon) en janvier 2005, a annoncé la création d'un système mondial d'alerte précoce des catastrophes naturelles. La priorité a été donnée à la mise en place d’un système d'alerte aux tsunamis dans l'océan Indien, sur le modèle du système initié en 1968 dans l'océan Pacifique, par la Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco.
L’International Strategy for Disaster Reduction (ISDR), qui réunit diverses organisations, universités et institutions, a pour objectif la réduction du nombre de blessés et de morts lors des catastrophes déclenchées par des phénomènes naturels. Les moyens et mesures proposés concernent autant les normes de construction des habitations, l’adoption de législations adaptées que l’éducation des populations vivant dans les zones à risques.
L’augmentation constante du nombre de victimes constatées au cours des dernières décennies est essentiellement expliquée, non par l’augmentation du nombre d’aléas, mais par celui de la vulnérabilité de l’humanité face à ces événements. Elle est due au développement anarchique dans des zones à risques, à la concentration de la population sur les côtes, aux carences des systèmes d’information. De même, les catastrophes naturelles sont amplifiées par les déséquilibres générés par les modifications anthropiques (couverture des sols) et par la variabilité climatique, au point qu’il est difficile de dissocier la part du naturel de celle qui est liée à l’action de l’homme. Certains risques comme les éruptions volcaniques, étudiées depuis longtemps, ont profité d’un développement technologique des instruments de surveillance qui les rend relativement prévisibles. D’autres résistent encore aux prédictions, comme les séismes ou les tsunamis, déclenchés par des séismes sous-marins. Des systèmes de détection et d’alerte, existant au niveau des pays riches, permettraient dans les régions pauvres de réduire le nombre de victimes, ainsi que l’application de normes de construction et la mise en œuvre de politiques de maîtrise de l’urbanisation.
Tour d’horizon
- Les inondations sont l’aléa naturel le plus répandu dans le monde. Elles sont responsables de plus de 60% des morts dus aux catastrophes naturelles. Le cyclone de novembre 2007 au Bangladesh a affecté plus de 4 millions de personnes, en a tué plus de 3.000 et en a laissé 300.000 sans abri. La déforestation, la modification de la perméabilité des sols et du réseau hydrologique sont en bonne partie responsable de leur aggravation.
- Les cyclones, perturbations tourbillonnaires se formant au-dessus des eaux chaudes des régions tropicales, sont relativement bien prédits: ils causent d’énormes pertes matérielles, mais font peu de morts.
- Les catastrophes biologiques ou écologiques, pouvant conduire à des épidémies, sont difficiles à endiguer. Si des progrès ont été faits sur les épidémies fulgurantes, les pandémies chroniques restent préoccupantes. Le SIDA a tué plus de 25 millions d'individus entre 1981 et 2003 et le paludisme tue chaque année plus de 2 millions de personnes. L’augmentation de la mobilité intercontinentale et, désormais, le réchauffement climatique sont responsables de la diffusion rapide de microorganismes pathogènes à travers le monde.
- Les crises climatiques sont des variations locales du climat, inattendues et sur une courte période, comme une vague de chaleur ou un taux d’humidité anormalement élevé. Avec le réchauffement climatique, l’ONU prévoit une augmentation de leur fréquence et une aggravation de leur ampleur. Le Centre pour la recherche en épidémiologie des catastrophes et le secrétariat de l'ONU pour les catastrophes naturelles ont d’ores et déjà mesuré une augmentation des catastrophes (de 23 à 30) liée aux températures de plus en plus chaudes.
- Les séismes constituent en général des événements extrêmement dramatiques. En 1995 le séisme de Kobé au Japon a fait plus de 5.000 morts et des dizaines de milliers de blessés. Ceux d’une magnitude supérieure à 8 sont heureusement rares (1 à 2 par an).
- Les éruptions volcaniques, bien que surveillées, peuvent être dramatiques. Celle du Mont Saint Helens en 1980 aux États-Unis a affecté des millions de personnes, avec un coût des dégâts estimé à 1 milliard de dollars. L'éruption du Laki en Islande en 1783, qui dura 9 mois, a émis 250 millions de tonnes d'aérosols toxiques et provoqué 9.336 morts, soit un quart de la population islandaise. Il s’en est suivi des famines dues à l'empoisonnement du bétail par les cendres et de nettes diminutions des températures sur l'ensemble de l'Europe pendant plusieurs années.
L’environnement aussi
Ces phénomènes naturels provoquent chaque année la perte considérable d’écosystèmes marins et terrestres. Le tsunami de 2004 en Asie a fragilisé les habitats d’espèces marines et fait baisser la biodiversité. L’ouragan Katrina (Louisiane, 2005) a détruit plus de 320 millions d’arbres qui pourrissent en émettant des gaz à effet de serre. Les grands incendies de forêts ravagent des écosystèmes terrestres comme en 1998, en Indonésie, où les incendies qui ont éclaté dans les îles de Sumatra et de Bornéo ont consumé 9 millions d'hectares de végétation. Le Pinatubo, aux Philippines, qui a tué plus de 1.000 personnes en juin 1991, a dispersé plus de 20 millions de tonnes de dioxyde de soufre dans l'atmosphère et recouvert de cendres plus de 86.000 hectares.
Inégalité entre le Nord et le Sud
Les différentes régions du monde sont touchées de façon très inégale par ces aléas. Les pays en développement paient un lourd tribut aux catastrophes naturelles: 95% des pertes en vies humaines sont concentrées dans ces pays. Les ouragans et les typhons qui se sont abattus dernièrement sur les États-Unis et le Japon n'ont pas fait plus de 500 victimes, et même l'ouragan Andrew, particulièrement dévastateur, qui a atteint la catégorie 5, a fait en 1992 moins de 100 victimes aux États-Unis. En revanche, l'ouragan Mitch, lui aussi de catégorie 5, a causé en 1998 plus de 10.000 morts en Amérique centrale. Au Bangladesh, un cyclone a fait environ 500.000 victimes en 1970 et un autre quelque 140.000 en 1991.